La
nature crée des chaînes alimentaires, recycle ses déchets, équilibre
ses écosystèmes. Et si nos villes et nos industries s’inspiraient de
ces principes ? C’est ce que proposent les partisans de l’écologie
industrielle. Partout, y compris en France, des réalisations
prometteuses sont en cours. Le point sur le grand défi du XXIe siècle.
La peur est mauvaise conseillère. L’industrie n’est pas vouée à
détruire l’environnement. Nous devons sortir de cette impasse
intellectuelle. Ecologie et industrie, environnement et business vont
et doivent s’associer – s’harmoniser. Le grand défi de ce siècle sera
l’écologie industrielle. D’accord, “écologie industrielle”, cela sonne
comme une contradiction dans les termes. Mais une nouvelle manière de
penser apparaît justement impensable au début. L’écologie industrielle
(EI) est un “paradigme neuf” comme disent ses théoriciens – un
mouvement international d’idées, d’entrepreneurs et d’acteurs de
terrain.
Ecoutons l’un d’eux, Suren Erkman (Vers une écologie industrielle,
Ed. Mayer, 2004). Nous sommes à Genève, dans les locaux de Sofies, sa
société d’étude de projets technologiques et environnementaux. Ancien
journaliste scientifique, ce biologiste de formation, suisse de 53 ans,
a formalisé plusieurs des concepts importants de l’EI dès le début des
années 1990, avant d’enseigner à l’université de technologie de Troyes,
puis à Lausanne.
“L’écologie industrielle repose sur
trois idées fortes. La première est d’imaginer le tissu industriel et
urbain comme un cas particulier d’écosystème, qu’il faudrait faire
fonctionner comme tel. De fait, tout ensemble d’industries fait
circuler certaines quantités de matières, d’énergie, d’information, de
déchets, de gaz, d’espèces vivantes, comme tout système naturel. Nous
pouvons en analyser le métabolisme, c’est-à-dire les flux, les stocks,
les dépenses, les pertes, les dégradations comme pour un ensemble
vivant. Deuxième idée forte, nous pourrions tendre à optimiser et
boucler ce système pour qu’il récupère au mieux ses dépenses d’énergie,
minimise ses déperditions, réutilise ses déchets et réduise son impact
environnemental à l’image d’un écosystème naturel ou d’une chaîne
alimentaire.”
Des exemples concrets ? “Le traitement des
déchets fournit des modèles classiques, mais limités, d’écologie
industrielle. Aujourd’hui, de nombreuses entreprises utilisent les
détritus des décharges urbaines comme nouvelle matière première ou
comme combustible.”
La troisième idée forte ? “Elle
consiste à mettre en place des technologies propres et des symbioses
qui permettent la réintégration des produits et des matériaux à
l’intérieur même des chaînes de recyclage de la biosphère. Au final,
l’EI se propose de repenser toute notre activité de production et de
consommation sur le modèle des écosystèmes…”
Suren
Erkman n’est pas seulement un des théoriciens importants de l’écologie
industrielle. Il a mené des opérations de recyclage de déchets textiles
en Inde, contribué à l’adoption par l’Etat de Genève d’une loi adoptant
plusieurs principes de l’EI. Il dit des choses dérangeantes.
“Aujourd’hui,
la politique écologique arrive à une impasse. En nous focalisant sur la
pollution, les déchets, le traitement en fin de processus , nous ne
réglons rien. La dépollution ne fait souvent que déplacer la pollution.
Le traitement des eaux usées produit de l’eau propre, mais aussi des
boues d’épuration pleines de métaux lourds. Si vous les épandez sur les
sols, vous les contaminez. L’incinération des déchets urbains permet de
réduire les volumes, mais pollue l’atmosphère. Il faut filtrer les
fumées, mais il restera encore des cendres, des eaux de rinçage. Nous
voyons bien qu’une action cloisonnée, que ce soit la dépollution ou la
réduction des émissions, ne propose que des solutions partielles. Elle
procède par petites améliorations, avec des technologies adaptées mais
limitées. A la longue, cette méthode renforce le système industriel
actuel.”
L’INDUSTRIE, UN SYSTEME PRIMITIF
Vous
l’aurez compris, les partisans de l’écologie industrielle affirment
disposer du seul cadre conceptuel global permettant de mettre en œuvre
le “développement durable”. “Prenez le bâtiment, continue Suren Erkman. Il
faudrait imaginer des stratégies de dépollution et de recyclage tout au
long de la chaîne de construction. Renaturalisation des carrières de
pierre, matériaux isolants, valorisation des déchets, chauffage
solaire, immeubles plantés de terrasses. Même stratégie pour
l’industrie automobile. Nous aurions dû investir depuis longtemps dans
le remplacement du moteur à explosion. Mais nous avons préféré dépenser
des sommes colossales pour l’améliorer. Résultat, il devient très
difficile de rénover l’infrastructure, tandis que des millions
d’Indiens et de Chinois veulent acheter des voitures qui vont encore
rouler au pétrole.”
Depuis des millions
d’années, les écosystèmes se perpétuent et se renouvellent. Nous savons
pourquoi. Ils utilisent une énergie solaire abondante, les processus
chimiques de décomposition transforment les déchets en éléments
nutritifs et énergétiques, le gaspillage reste très réduit et le
recyclage est de règle, les substances toxiques sont générées et
utilisées localement, l’interdépendance écologique des individus est
permanente, l’autorégulation de mise. Ce sont des systèmes stables,
autorégulés, résilients et résistants.
En
comparaison, le système industriel apparaît primitif. Il utilise des
matières premières limitées qu’il épuise rapidement (eau, pétrole, sol,
espèces vivantes…). Il produit quantité de déchets et de rejets nocifs,
sans compter lde serre. Ses critères d’évaluation, le plus souvent à
court terme, restent quantitatifs et financiers. Enfin, sans
régulation, il se développe au détriment de la biosphère, dont sa
survie dépend. Conclusion, les systèmes économique et industriel
doivent mûrir, devenir compatible avec les écosystèmes terrestres.
Comment ? Suren Erkman : “Nous
devons réformer l’ensemble des chaînes industrielles sur le modèle des
chaînes alimentaires, prévoir la récupération des déchets dès
l’extraction des matières premières, repenser les technologies de
production d’énergie et de motorisation, valoriser nos déchets comme
des ressources, boucler les cycles de matières, minimiser les
pollutions, repenser notre consommation de biens et nos méthodes de
gouvernance, allonger la valeur d’usage des produits, décarboniser
l’énergie, dématérialiser et alléger tout ce qui peut l’être pour
éviter la surcharge environnementale.”
Avant Suren
Erkman, deux Américains, le physicien Robert Frosch, ancien
vice-président de la recherche chez General Motors (aujourd’hui à
Harvard) et l’ingénieur Nicholas Gallopoulos, responsable de la
recherche sur les moteurs également chez General Motors, tiraient en
septembre 1989 les mêmes leçons dans un article de référence du
Scientific American, “Des stratégies industrielles viables”.
Depuis, le MIT, le renommé institut technologique de Cambridge
(Massachusetts), a lancé le Journal of Industrial Ecology (1997). En
France, une chaire d’écologie industrielle a été fondée en 2005 à
l’université technologique de Troyes, et les acteurs de l’EI se
réunissaient fin mars pour proposer des axes de recherche à l’Agence
nationale de la recherche (ANR).
Suren Erkman : “Les
slogans écologistes – zéro déchet , zéro émission ou même décroissance
– ont un aspect pédagogique, mais restent abstraits dès qu’on passe à
la pratique. Les Verts français feraient bien de s’inspirer des Grünen
allemands, qui agissent concrètement au niveau local. Une ville avec
zéro émission n’existe pas. Il existe toujours des émissions, des
déchets industriels, c’est la vie urbaine même.” Nous disposons déjà de modèles éco-efficaces pour les parcs industriels des grandes villes.
A Kalundborg, au Danemark, sept entreprises – dont une raffinerie, un
fabricant de Placoplâtre et une centrale électrique – se sont
associées, au départ par souci de rentabilité. Aujourd’hui, la centrale
électrique chauffe 4 500 habitations de la ville et fournit de la
vapeur à la raffinerie et au fabricant de Placoplâtre. En recyclant ses
émanations de dioxyde de soufre, la raffinerie produit chaque année 200
000 tonnes de gypse, livrées au fabricant de Placoplâtre, et 20 000
tonnes de thiosulfate d’ammonium, un engrais liquide utilisé dans
l’agriculture.
Les économies d’énergie réalisées,
les gains apportés par le recyclage sont très significatifs. Voici un
exemple vertueux de symbiose industrielle. La croissance,
l’urbanisation, l’industrialisation ne sont pas un mal en soi, comme
l’affirment certains Verts. Mais il faut les réaménager.
Nous
voilà à la porte Est de la ville de Genève, dans l’agréable quartier de
Sécheron. Peu de gens savent qu’une station hydraulique installée
souterrainement pompe l’eau du lac Léman afin de chauffer et refroidir
plusieurs bâtiments de la zone. Un projet éco- industriel d’ampleur. Le
puisage et le refoulement se font sans agresser le biotope du
prestigieux lac – et sans sédiments. Ensuite, avec un débit contrôlé de
4 900 m3/heure, les eaux alimentent les locaux et
laboratoires flambant neuf du géant pharmaceutique Merck Serono, comme
le quartier d’habitations Lac-Nations. Ces eaux de montagne, ressource
peu coûteuse et renouvelable, irriguent la climatisation de l’ensemble.
La distribution d’eaux à basse température, pompées par 30 mètres de
profondeur, permet d’économiser l’énergie pour la production du froid.
n
tel système réduit les émanations de CO2 de 4 800 tonnes par an,
économise 1 500 tonnes de mazout, tandis que la surface des espaces
climatisés a augmenté de 60 % – soit 220 000 m2. Avec ce
dispositif, les gains annuels pour les laboratoires Merck s’élèvent à 1
million de francs suisses (plus de 635 000 euros) et la facture
d’énergie baisse pour les habitants. Enfin, l’eau pompée dans le lac
arrose les jardins du quartier et alimente les fontaines, ce qui
économise chaque année autant d’eau potable.
Ce programme
a reçu le prix de l’Aménagement national suisse (Aspan 2005). Complexe,
il n’a pu être réalisé sans une concertation des acteurs publics,
associatifs et privés – surtout, sans stratégie. En 2001, le canton de
Genève a été la première collectivité publique européenne à introduire
l’EI dans le cadre de sa loi sur l’Agenda 21 (consacrée au
développement durable). Il a lancé le projet Ecosite, dont le premier
travail a été de dresser la comptabilité physique des flux de
ressources de l’écosystème industriel genevois.
Ecoutons Daniel Chambaz, un des responsables de l’environnement du canton : “La
comptabilité financière, à Genève, nous connaissons. Mais nous n’avions
jamais réalisé la comptabilité exacte de nos ressources et nos dépenses
énergétiques. Maintenant, nous savons… Genève dépend majoritairement de
l’extérieur pour son approvisionnement en énergie, c’est-à-dire les
carburants, les combustibles, l’électricité. Cela pourrait être
amélioré… Les gravières du canton, qui fournissent la construction,
seront épuisées dans vingt ans. Que faire ? Quant aux aliments, pour
produire les 322 000 tonnes de nourriture consommées chaque année à
Genève, nous devrions disposer d’une surface agricole de 2 500 m2 par habitant. Elle est de 300 m2
! Nous devons importer 85 % de notre alimentation. Au final, quand nous
dressons le bilan physique global, nous voyons que plusieurs problèmes
de durabilité se posent à la ville.”
A la
suite de cette étude de “métabolisme”, le canton de Genève a confié à
Systèmes durables, une agence de conseil en écologie industrielle
fondée par Cyril Adoue (un ancien élève de Suren Erkman à l’université
de Troyes), une recherche pour améliorer la situation. Après six mois
d’enquête auprès de dix-neuf entreprises privées et de
l’Administration, l’agence préconisait plusieurs pistes. Comme
concasser le béton des vieux immeubles lors de leur destruction afin
d’obtenir de nouveaux graviers de construction. Ou transformer en pâte
à papier tout le carton collecté sur le canton afin d’alléger la
facture de bois, et procéder à la réfection des palettes industrielles
avec l’aide d’un service de réinsertion de personnes marginalisées.
Plusieurs
synergies industrielles réduisant les coûts de matières et la pollution
sont aussi envisagées. Ainsi, l’échange des eaux usées entre
industriels permettrait de réduire la consommation d’eau potable. Un
centre pourrait collecter les solvants utilisés par les industries
chimiques, pharmaceutiques ou électroniques afin de les régénérer
plutôt que de les incinérer. La récupération des bois d’usage (copeaux,
chutes, coffrages usagés, caisses) pourrait alimenter des chaudières à
bois, faisant baisser la consommation de fioul. Et un producteur
agroalimentaire qui livre à travers toute la Suisse avec des camions à
moitié pleins pourrait prendre en charge la distribution d’autres
commerçants – et donc réduire les émissions de carbone.
Aujourd’hui,
la moitié de la population mondiale est urbanisée. L’étude du
métabolisme des villes révèle qu’elles fonctionnent comme des “réacteurs à flux continu”.
Elles doivent être approvisionnées sans cesse en produits et en
énergie, tout en produisant quantité de déchets. Résultat, ces villes
mobilisent de grands territoires pour en tirer des ressources et
installer leurs décharges. Ce qui multiplie les transports et les
pollutions.
Certaines villes d’Europe, comme Stockholm ou
Copenhague, veulent revaloriser leur centre-ville, concentrer
l’activité économique et agricole, réduire les distances. Les projets
de revenir à des villes compactes, plus faciles à vivre, de créer des “écoquartiers”,
d’en finir avec les banlieues anonymes et leurs cités-clapiers se
développent depuis les années 1990. C’est le “nouvel urbanisme”, qui
préconise l’abandon des villes étendues, faites pour les voitures,
dépourvues de services. Des projets radicaux ont vu le jour, appuyés
sur les principes de l’écologie industrielle, en Grande-Bretagne, en
Chine ou aux Emirats arabes unis (lire encadrés page 23, ci-dessous et
page suivante). Ainsi que ceux de l’architecte William McDonough.
Né au Japon, choqué par la pollution et les coupures d’eau régulières de Tokyo, il travaille aujourd’hui sur des édifices “éco-efficaces”.
Son principe : un immeuble pourrait ressembler à un arbre. Produire de
l’oxygène, séquestrer du carbone, distiller l’eau, se chauffer à
l’énergie solaire. Aération naturelle, matériaux biodégradables,
espaces verts, habitat pour les oiseaux et diverses espèces. William
McDonough a déjà conçu un bâtiment pour le collège d’Oberlin, dans
l’Ohio, qui produit plus d’énergie qu’il n’en consomme.Et l’usine Ford
de River Rouge (Michigan) – tout un symbole : 4 hectares de toits
plantés isolent l’usine, filtrent les émissions, redirigent l’eau de
pluie vers la rivière proche, attirent les oiseaux et économisent la
climatisation et le chauffage. William McDonough rêve de cités
renaturalisées, offrant des “jardins suspendus” et des “potagers urbains” – “les forêts urbaines du futur”, dit-il. Un optimiste.
Nous voilà dans la salle Erro de la mairie de Lille pour assister au premier compte rendu d’étude de “métabolisme” du triangle Lille-Hellemmes-Lomme, 220 000 habitants, 35 km2.
Des fresques pop, pleines de personnages historiques et de héros de BD,
racontent l’épopée industrielle du Nord. Danielle Poliautre, adjointe
au maire (son équipe, celle de Martine Aubry, a été réélue avec 66,56 %
des voix aux élections municipales), explique en aparté : “A Lille,
nous avons signé la Charte d’Aalborg sur les villes durables, nous
avons ouvert un centre de tri des déchets sur le port fluvial, nous
sommes le chef de file d’un programme européen pour la valorisation
d’éco-quartiers [le programme Involve], nous développons partout des
économies d’énergie et d’eau.Mais cela ne suffit pas. Il faut
s’attaquer aux boucles énergétiques pour que le territoire équilibre
ses entrées et ses sorties, valorise encore ses ressources.”
Madame
l’adjointe au maire travaille avec Auxilia, une association française
spécialisée dans l’écologie industrielle, et la société Gaz de France.
Pourquoi GDF? Sa direction de la recherche s’est spécialisée dans
l’analyse du “cycle de vie” et de l'”empreinte écologique” des
activités économiques : elle a apporté son expertise.
L’association Auxilia a étudié avec eux les “flux matières-énergies”
de la région lilloise et travaillé sur des solutions innovantes. Son
représentant, Benoît Duret, la trentaine, ingénieur en génie mécanique,
explique la démarche. “Pour commencer, il nous fallait établir la
comptabilité physique du territoire, comme à Genève. Vous avez besoin
d’une solide méthode d’analyse des flux. Nous avons choisi Eurostat,
l’organisme de statistiques européen. Ensuite, nous devions nous
assurer de la coopération des acteurs locaux – entreprises,
déchetteries, mairie, métropole, région – pour rassembler des données
fiables, et les intéresser demain aux solutions d’amélioration. Pas
facile de les convaincre. Quand on parle d’écologie industrielle, tout
le monde se méfie, les industriels comme les écologistes. Je préfère le
concept d’ écologie territoriale , mieux approprié à la réalité locale.
A Lille, la mairie a joué un rôle moteur pour agréger les énergies.
Nous nous sommes retrouvés plusieurs fois à quarante autour d’une
table. On mesure ici l’importance du levier politique.”
Ce
jour-là, autour de la grande table de la mairie, l’adjointe au maire,
Danielle Poliautre infatigable, est entourée de deux jeunes
responsables du développement durable, d’un barbu jovial responsable de
l’Agence de l’eau Artois-Picardie, d’une équipe d’experts de Gaz de
France (dont deux jeunes femmes très investies), d’un délégué de la
Région Nord-Pas-de-Calais, et des deux experts d’Auxilia. Tout
l’après-midi, on entendra parler “flux de ressources” et “impact écologique”. Le territoire lillois passé au scanner. Les chiffres parlent.
Les
rejets de gaz à effet de serre ? 362 000 tonnes. L’énergie consommée
chaque année ? 524 000 tonnes, soit 2,4 tonnes par habitant (contre 2,7
tonnes en moyenne en France). D’où vient l’énergie ? A 96,3 % de
l’extérieur : électricité, gaz naturel, carburants. D’où vient
l’énergie locale ? De la valorisation des déchets, à 3,7 %. Les
matériaux de construction importés ? 388 000 tonnes. Les extractions
locales inutilisées ? 151 000 tonnes. Les déchets du bâtiment ? 101 000
tonnes.
Une telle comptabilité aide à la décision. Plusieurs pistes seront examinées. Prolonger les lignes de tramway, développer le “tram-train”
capable d’utiliser les deux réseaux, renforcer la flotte des bus
propres, installer des parkings en périphérie. La production locale
d’énergie pourrait être renforcée avec des chaudières fonctionnant à la
biomasse (déchets, bois, textiles usagés).
D’autres “cercles vertueux”
envisagés ? L’étude de la circulation des eaux fait apparaître la
réutilisation possible du sable et des graviers issus des stations
d’épuration. La récupération des eaux de ruissellement sur les toits
serait un appoint intéressant. Quant aux matériaux de construction,
béton, ciment, plâtre, brique, ils pourraient être en partie récupérés
lors des opérations de rénovation et de déconstruction des quartiers
anciens.
Laissons Benoît Duret d’Auxilia, qui travaille aussi avec la région “Caux-vallée de Seine”, conclure : “Une
nouvelle culture politique apparaît à travers ces rencontres. La
sensibilisation aux problèmes écologiques, l’inquiétude suscitée par le
réchauffement font que chacun, citoyen, politique, industriel, se
montre prêt à écouter l’autre, envisager toutes les solutions concrètes
pour que les choses s’améliorent. Dans sa ville, sa région, en
coopérant. Face au danger commun, nous sortons du cynisme et du
chacun-pour-soi . La démocratie locale s’en trouve renforcée, des
échanges transversaux se développent, les bonnes volontés reviennent,
chacun écoute sans a priori ni mépris les recherches de solutions.” De l’écologie industrielle à la démocratie revivifiée, la boucle est bouclée.